Info culturelle: Comment promouvoir enfin le Développement des pays Africains

La culture africaine par les œuvres. Une plongée dans ses traditions ancestrales par le Professeur Jean-Marie Tchegho.
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Info culturelle: Comment promouvoir enfin le Développement des pays Africains

Le colonialisme, le néocolonialisme et l'impérialisme ont certes des effets négatifs sur la situation économique actuelle, mais ceux-ci ne sont pas à mon avis prépondérants dans la mesure où il est de notoriété publique que dans les relations internationales chacun ne cherche que ses propres intérêts et où certains pays qui étaient dans les mêmes conditions dans les années 60 sont aujourd'hui des nations émergentes.

Il va sans dire que les vraies causes du retard économique des pays africains sont ailleurs. La principale de ces causes serait indubitablement le déracinement socioculturel de des peuples en général, des élites intellectuelles et des gouvernants en particulier.

En ce qui concerne les intellectuels et notamment les enseignants et les chercheurs, ils sont très nombreux ceux qui continuent à professer ou à développer en l'état dans une société foncièrement communautariste comme la nôtre, des outils (concepts, théories, paradigmes, etc.) appris dans les universités occidentales et propres à une société individualiste. C'est assurément pourquoi le déracinement social en Afrique s'accentue avec le développement de la scolarisation.

Quant aux gouvernants, leur profil est à l'image de leur formation sur place ou en Occident. Ils sont outillés pour évoluer dans une société individualiste alors que leur terrain d'action est une société communautariste. C'est ainsi que le fossé entre les gouvernants et les gouvernés ne cesse de s'élargir. On constate en effet que la désaffection à la chose électorale est généralisée et ne fait que s'amplifier. De même, alors qu'en Afrique l'adage dit que « quand il y en a pour un, il y en a pour deux », nos gouvernants ont une propension démentielle à détourner les biens communs à leur seul profit. « Tout pour nous et rien pour les autres » semble être leur credo.

Cette tendance quasi obsessionnelle au détournement des fonds publics frise la méchanceté ou la maladie lorsqu'on sait, d'une part que les fonds détournés, qui ne s'évaluent en moins de milliard que pour les plus modestes, sont planqués en Occident, et, d'autre part qu'on peut vivre 27 ans avec un milliard de francs CFA à raison de 100.000 francs CFA par jour.

Dans la société africaine traditionnelle par contre, les gens nantis d'une charge publique se caractérisent presque toujours par leur probité, leur honnêteté et leur sens élevé de l'intérêt général. En effet c'est à travers les services rendus à la communauté que l'individu se réalise pleinement. C'est pourquoi le chef ou le notable ne saurait voler ou rechercher son intérêt personnel au détriment de la collectivité.

Il se dégage de ce qui précède que le développement des pays africains passe par l'enracinement socioculturel de leurs peuples. Cette exigence est fondamentale car un regard panoramique sur le monde montre d'une part qu'aucun pays ne s'est développé en prenant appui sur la culture d'un autre, et, d'autre part que les pays les plus dominés sont ceux qui ont perdu leurs fondements culturels et notamment leurs langues.

Cette exigence interpelle au plus haut point trois groupes d'acteurs sociaux.
D'abord les dirigeants politiques qui doivent organiser une véritable révolution culturelle qui rétablira notre échelle des valeurs sociales et dont la réforme du système scolaire apparaît comme un axe majeur.
Ensuite les chercheurs qui doivent explorer et mettre par écrit les éléments authentiques de notre culture et réinventer de nouveaux outils d'analyse et de gestion propres à notre modèle social.
Enfin les enseignants qui doivent cesser de rabâcher en l'état les enseignements reçus en Occident et recourir aux travaux des chercheurs locaux.
Dans cette perspective, nos travaux sur la culture africaine et notamment celle des Grassfield du Cameroun (cf. www.jifedie.com) semblent être un modeste pas dans la bonne direction.